La conduite des conduites
Galerie Division [2018]
Cette exposition propose un jeu entre le modelage de conduites (les comportements des objets et des corps) et les systèmes de canalisation des affects, des flux et de l’énergie. Utilisant des objets communs – du mobilier, des tuyaux, des brides et des ampoules – l’artiste représente des systèmes techniques et leurs fonctions attendues en introduisant des anomalies. Il met en œuvre des stratégies de déformation et d’éclatement et de trouées qui chacune remodèlent les affects en objets esthétiques ambigus, que le regard cherche à dénouer. Les courbes et sinuosités des conduites mettent en tension une dynamique de circulation et des phénomènes de résistance ou de dissipation. Troublant les attentes des systèmes industriels et leur promesse d’efficacité, d’optimisation et d’innovation, l’artiste imagine une technique très différente de celle que nous côtoyons dans notre vie quotidienne. Les œuvres ouvrent des béances dans le monde comme autant de failles et d’espaces libérés de cette causalité qui détermine notre relation à la technique. Des corps sensibles se cachent derrière ces objets ostensiblement techniques. Alors que nous nous attendons à ce qu’ils fonctionnent et produisent, les assemblages imprévisibles échappent au monde des choses à la recherche de possibilités nouvelles et sensibles.
Anomalie IV et III [2018]
Bronze fondu, acier zingué et placage de cuivre, 280 x 280 x 140 cm
Suggérant des engorgements qui frôlent la complication, les nœuds boursouflés des conduites de cuivre d’Anomalie sont les symptômes d’une force outrepassant largement la « conduite » attendue. Elle déborde la fonction courante des tuyaux et excède l’espace donné, déformant et réformant sa condition d’existence. L’anormalité, qui semble ici émerger des souterrains dans une monstration affolante, ne serait-elle finalement que la partie visible d’un réseau d‘enchevêtrements qui se serait décomplexé devant nos yeux ? Un réseau vivant dont les formes ne peuvent épuiser les possibles ? (Nathalie Bachant, Extrait du texte La conduite des conduites : Michel de Broin, Espace # 97, 2018)
Anomalie II [2018]
Anomalie I [2018]
Crépuscule #121, #265 et #168 [2018]
Ampoules, bois, acrylique, 120 x 120 x 13 cm
La série Crépuscule explore la tension entre l’ordre et l’imprévisibilité. La symbolique des lumières associée à la raison se voit ici vaincue, alors que le crépuscule des idées semble succéder à l’illumination. La rigidité formelle de l’alignement ordonné d’ampoules est fracassée par l’inquiétude d’une technique qui travaille à sa propre défaite, à son délabrement. Néanmoins, la poésie de la ruine technique persiste.
Crépuscule #265
Crépuscule #121
Crépuscule #168
Interopérabilité [2018]
Polymère, fibre de verre, époxy, fibre de nylon, base, 126 x 52 x 64 cm
Universal Plug and Play [2018]
Polymer, fiberglass, epoxy, nylon fiber, base, 126 x 52 x 64 cm
Inspiré par le protocole réseau du même nom, lequel permet à des périphériques de s’accoupler aisément, la sculpture s’apparente à un joint universel offrant la possibilité aux conduites de formes différentes de se connecter.
S
Tube [2018]
Épreuves pigment archive, monté sous plexi, 100 x 66 cm
Une conduite confortablement installée dans un fauteuil de bureau de style exécutif est enroulée sur elle-même. Le tube ouvert à ses extrémités brouille la distinction entre l’intérieur et l’extérieur.