Entre le possible et l’impossible, Nathalie de Blois
Musée national des beaux arts du Québec
Sofia, Jet d’encre, 110 x 200 cm, 2003
Depuis plus d’une dizaine d’années, Michel de Broin approfondit une pratique transdisciplinaire au moyen de laquelle il remet en question les systèmes et leur articulation. Adoptant une attitude critique et ludique vis-à-vis des objets usuels et des conceptions courantes, l’artiste s’applique à rendre visibles, par la voie de métaphores et d’analogies d’une riche profondeur, les forces à l’oeuvre dans le mouvement des énergies qui guident nos actions et gouvernent nos pulsions.
Sa production hétérogène et pourtant d’une cohérence étonnante se construit par le jeu multivoque des références à la philosophie, à la langue, à la science, à l’histoire de l’art, à la psychologie, au politique et au social. Se faisant le lieu d’une mise à l’épreuve des mécanismes du pouvoir, elle fait naître un faisceau d’associations qui inspirent la découverte d’une pluralité. La résistance, l’entropie, la circulation, la mobilité, l’échange et la communication –autant de notions qui mènent toutes et chacune à la circularité du mouvement, du sens et du désir –, telles sont les préoccupations inhérentes à une démarche qui exerce une grande fascination du fait qu’elle réussit à établir des relations inédites entre des objets et des concepts éloignés, voire contradictoires. Mettant corps à corps l’art et la technique, l’art et le non-art, l’univers artistique et ce qui se rapporte à la quotidienneté et à l’espace public, l’esprit de cette pratique se rapproche de celui des avant-gardes historiques. Mais c’est essentiellement le constat d’échec des grandes idéologies utopistes que met en évidence son oeuvre qui sans cesse se défigure et se trahit dans l’exercice perpétuel d’une remise en question. Les oppositions qui s’y présentent de manière systématique révèlent, à travers la stratégie du jeu et du défi, la recherche d’un point limite où les contraires s’harmonisent pour lever les frontières.
-Extrait